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Pourquoi Sepp Blatter est intouchable

Le Valaisan brigue un cinquième mandat à la présidence de la FIFA. Il a construit un système qui lui procure une victoire quasi assurée.

Son cinquième mandat, celui de trop? Que nenni. Il a encore du travail. Des adversaires? Qu’ils viennent! Sepp Blatter est sûr de son coup. Il ne peut pas perdre. Et tous les vieux loups du football le disent, à condition de rester à anonymes.

«Sepp va gagner, simplement parce que c’est lui qui a construit la FIFA actuelle. Cela lui confère un grand pouvoir», explique ce compagnon qui l’a connu dès ses premiers pas à la FIFA.

Il fait le ménage

Sepp Blatter a notamment construit un égalitarisme total. Un coup de génie: au Congrès de la FIFA, il n’y a ni petit ni grand. «Jusqu’à l’absurde, estime Thomas Kistner, auteur du livre « FIFA Mafia », paru en 2013.

Aux Nations Unies, les grandes décisions sont prises par les nations puissantes. A la FIFA, une île de sable des Caraïbes pèse autant que la Fédération allemande et ses sept millions de licenciés. Les fonctionnaires des pays qui ne sont pas des nations de football sont heureux et ils votent pour lui.»

Aucune proportionnalité. Mais la possibilité de maîtriser l’ensemble de l’appareil, en lui allouant également des subventions et autres bonus généreux.

Tous les vieux loups du football le disent aussi : Sepp Blatter fait le ménage dans le groupe qui a attribué les Coupes du monde à la Russie et au Qatar: des 22 membres du Comité exécutif qui ont décidé des attributions, 11 ne sont plus là.

Sepp Blatter est attaqué de partout. Trop vieux, trop autoritaire, trop friqué, trop mariole. Mais Sepp Blatter ne sourcille pas. Ses yeux, toujours. Ce pli de malice, ce trait tiré qui, dans un rayonnement subreptice, indique que l’homme en a vu d’autres, beaucoup d’autres – et qui a vu vivra.

«Il est temps d’avoir de l’air frais», claironne Michel Platini, puisqu’il faut sans cesse reporter l’attention sur l’atmosphère viciée des placards à cadavres. Mais Sepp Blatter ne manque pas d’air et, pour la cinquième fois, il sera réélu à la présidence de la FIFA. Sans aucun doute.

Malgré ses 79 ans, dont quarante passés dans les dédales de la vénérable institution – sa vie, son œuvre, sa maison.
Un mouvement insurrectionnel, un de plus? Tous les petits malins qui, depuis dix-sept ans, ont entrepris de le déloger, ont fini soit à sa botte (Issa Hayatou), soit dans leurs petits souliers (Jérôme Champagne). Soit mis à pied (Mohammed bin Hammam).

Sepp Blatter n’est pas le plus progressiste, ni le plus scrupuleux, mais il possède une qualité essentielle dans ce que, un peu par habitude, un peu par exprès, nous appelons «le milieu»: il est le plus fort. Du moins le plus coriace, sinon le plus malin. Gros malin parmi les petits malins.
Sepp Blatter a aussi créé un modèle économique imparable,
dont les mécanismes de redistribution, notamment aux pays dits «en développement», ont rendu ses alliés riches et puissants.

Peu de popularités s’autonourrissent aussi gracieusement, en autarcie parfaite. La majorité n’y renoncera pas si facilement.Il est attaqué de partout? Ses yeux, ce pli, ces rayons qui semblent percer tous les mystères. Sepp Blatter le sait, il a développé un patrimoine affectif inestimable, premier distributeur d’émotions, leader mondial sur le marché florissant de l’engouement populaire: le football.

Il sait, et ses rivaux avec lui: tout le monde, grand et petit monde, en a profité. Le modèle «transparent et moderne» vendu par ses rivaux n’est pas encore le plus souhaitable. Avant de partir, Sepp Blatter doit vider les placards. Jusqu’au dernier. Avant de s’en aller dans un clin d’œil.

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